George Stubbs
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George Stubbs
Des courses à la représentation de celles-ci et de leurs acteurs, il n’y a qu’un pas ; dès lors, il n’est que logique que ce soit en Angleterre, berceau de la discipline hippique selon son acception moderne, que ce pas ait été franchi en premier, donnant au passage naissance à un genre nommé « sporting painting » qui fut longtemps relégué à l’arrière-banc de l’art anglais. C’est au hasard de mes pérégrinations chez les bouquinistes que je suis tombé il y a quelques mois de cela sur un livre consacré à l’un des précurseurs en la matière et intitulé George Stubbs : le peintre "très anglais" du cheval.
Paru en 2002 aux éditions Favre, cet ouvrage collectif semble essentiellement basé sur une publication signée Judy Eggerton (LA spécialiste du peintre) parue près de 20 ans plus tôt en Angleterre, mais agrémentée ici d’une préface signée Alec Wildenstein ainsi que d’une introduction par Jean-Louis Gouraud, qui va jusqu’à faire de Stubbs l’une des raisons du succès de la vague anglomaniaque qui gagna le continent durant la seconde moitié du XVIIIème siècle et non simplement l’un de ses multiples bénéficiaires incidents. Comme il se doit, l’ouvrage est richement illustré de reproductions en couleur d’une cinquantaine d’œuvres de l’artiste sélectionnées par la Tate Gallery, chacune d’elles faisant l’objet d’un commentaire complet qui ravira autant les amateurs d’art pictural que ceux de l’art équestre.
George Stubbs est né à Liverpool en 1727 ; la même année, dit-on, que le légendaire Godolphin Arabian. Il n’en faudrait pas plus à certains pour voir là le signe d’un destin tout tracé, mais la réalité, bien sûr, est tout autre. Fils d’un tanneur, le jeune George assiste au dépeçage des bêtes et y puise vraisemblablement la source de ce qui, en marge du dessin, sera son autre passion : l’anatomie au sens très large, aussi bien humaine qu’animale. Il mêlera d’ailleurs parfois les deux, servant ainsi d’illustrateur à quelques publications médicales et vétérinaires (les planches anatomiques qu’il a réalisées pour l’ouvrage de référence The Anatomy of the Horse publié en 1766 sont d’ailleurs reproduites en fin d’ouvrage).
A coup sûr, son sens de l’observation et sa parfaite connaissance de l’anatomie équine contribueront grandement à la réputation grandissante qui sera la sienne en tant que peintre animalier au cours des années 1760, ses spécialités étant la représentation de chevaux mais aussi d’animaux sauvages (avec dans cette dernière catégorie une prédilection pour les lions). Le souci du détail dont il fait preuve dans le portrait grandeur nature du cheval du marquis de Rockingham, Whistlejacket, est à ce titre saisissant (et d’autant plus méritoire que l’étalon avait la réputation d’être incontrôlable et ne se montra pas un modèle facile) :
Whistlejacket (1762).
Entre œuvres oniriques et représentations champêtres mais aussi de scènes de chasses en portraits équestres célébrant la puissance de ses riches commanditaires, Stubbs met également son art en pratique à Newmarket, berceau des courses, exécutant là aussi les commandes des propriétaires des plus prestigieux champions. A l’époque, les cracks se mesurent le plus souvent les uns aux autres en « un contre un » sur des distances pouvant dépasser six kilomètres et ont pour nom Gimcrack, Eclipse, Turf ou Hambletonian : le peintre nous laisse d’ailleurs du dernier cité un portrait « au bouchonnage » (là encore grandeur nature s’il vous plait), saisissant de par l’impression de mouvement et de réalisme qui s’en dégage.
Hambletonian, Rubbing Down (1800).
Dénotant grandement du caractère ouvertement posé (et d’un classicisme presque banal sur le fond) de la grande majorité des autres œuvres du peintre consacrées au monde hippique, ce tableau plus réaliste qu’hagiographique ne fut d’ailleurs pas apprécié à sa juste valeur par son commanditaire, au point que l’artiste fut contraint à aller jusqu’au procès pour obtenir paiement de son dû…
Publié dans la collection Grande Ecurie de Versailles et proposé à l’origine à un prix public frisant les 50€, cet ouvrage peut à présent être trouvé sur le marché de l’occasion à des tarifs nettement plus abordables (une quinzaine d’euros de mémoire dans mon cas mais je pense avoir eu beaucoup de chance car visiblement le prix tourne à l’heure actuelle plus entre 20 et 30 au bas mot). Même si l’on pourra regretter l’absence de rabats qui auraient permis d’éviter que certaines œuvres se trouvent à cheval sur deux pages (et du coup un peu gâchées par la reliure), la qualité des illustrations et la finesse des analyses en font à tous les sens du terme un « beau livre » qui saura à coup sûr captiver aussi bien les passionnés de peinture que les amoureux du cheval en général et de l’histoire des courses en particulier, cette dernière étant largement présente en filigrane à travers les descriptions mises en contexte de certaine œuvres (en retraçant, notamment, les exploits en courses de certains des modèles ainsi que l’impact ultérieur plus ou moins grand de leurs descendances respectives sur le stud book).
Référence:
Judy Egerton [trad. Emmanuelle Lavabre], George Stubbs : le peintre "très anglais" du cheval, 1724-1806, Lausanne et Paris : Editions Favre, collection Grande écurie de Versailles (2002), 157 p. (ISBN : 2-8289-0703-1)
Paru en 2002 aux éditions Favre, cet ouvrage collectif semble essentiellement basé sur une publication signée Judy Eggerton (LA spécialiste du peintre) parue près de 20 ans plus tôt en Angleterre, mais agrémentée ici d’une préface signée Alec Wildenstein ainsi que d’une introduction par Jean-Louis Gouraud, qui va jusqu’à faire de Stubbs l’une des raisons du succès de la vague anglomaniaque qui gagna le continent durant la seconde moitié du XVIIIème siècle et non simplement l’un de ses multiples bénéficiaires incidents. Comme il se doit, l’ouvrage est richement illustré de reproductions en couleur d’une cinquantaine d’œuvres de l’artiste sélectionnées par la Tate Gallery, chacune d’elles faisant l’objet d’un commentaire complet qui ravira autant les amateurs d’art pictural que ceux de l’art équestre.
George Stubbs est né à Liverpool en 1727 ; la même année, dit-on, que le légendaire Godolphin Arabian. Il n’en faudrait pas plus à certains pour voir là le signe d’un destin tout tracé, mais la réalité, bien sûr, est tout autre. Fils d’un tanneur, le jeune George assiste au dépeçage des bêtes et y puise vraisemblablement la source de ce qui, en marge du dessin, sera son autre passion : l’anatomie au sens très large, aussi bien humaine qu’animale. Il mêlera d’ailleurs parfois les deux, servant ainsi d’illustrateur à quelques publications médicales et vétérinaires (les planches anatomiques qu’il a réalisées pour l’ouvrage de référence The Anatomy of the Horse publié en 1766 sont d’ailleurs reproduites en fin d’ouvrage).
A coup sûr, son sens de l’observation et sa parfaite connaissance de l’anatomie équine contribueront grandement à la réputation grandissante qui sera la sienne en tant que peintre animalier au cours des années 1760, ses spécialités étant la représentation de chevaux mais aussi d’animaux sauvages (avec dans cette dernière catégorie une prédilection pour les lions). Le souci du détail dont il fait preuve dans le portrait grandeur nature du cheval du marquis de Rockingham, Whistlejacket, est à ce titre saisissant (et d’autant plus méritoire que l’étalon avait la réputation d’être incontrôlable et ne se montra pas un modèle facile) :
Whistlejacket (1762).
Entre œuvres oniriques et représentations champêtres mais aussi de scènes de chasses en portraits équestres célébrant la puissance de ses riches commanditaires, Stubbs met également son art en pratique à Newmarket, berceau des courses, exécutant là aussi les commandes des propriétaires des plus prestigieux champions. A l’époque, les cracks se mesurent le plus souvent les uns aux autres en « un contre un » sur des distances pouvant dépasser six kilomètres et ont pour nom Gimcrack, Eclipse, Turf ou Hambletonian : le peintre nous laisse d’ailleurs du dernier cité un portrait « au bouchonnage » (là encore grandeur nature s’il vous plait), saisissant de par l’impression de mouvement et de réalisme qui s’en dégage.
Hambletonian, Rubbing Down (1800).
Dénotant grandement du caractère ouvertement posé (et d’un classicisme presque banal sur le fond) de la grande majorité des autres œuvres du peintre consacrées au monde hippique, ce tableau plus réaliste qu’hagiographique ne fut d’ailleurs pas apprécié à sa juste valeur par son commanditaire, au point que l’artiste fut contraint à aller jusqu’au procès pour obtenir paiement de son dû…
Publié dans la collection Grande Ecurie de Versailles et proposé à l’origine à un prix public frisant les 50€, cet ouvrage peut à présent être trouvé sur le marché de l’occasion à des tarifs nettement plus abordables (une quinzaine d’euros de mémoire dans mon cas mais je pense avoir eu beaucoup de chance car visiblement le prix tourne à l’heure actuelle plus entre 20 et 30 au bas mot). Même si l’on pourra regretter l’absence de rabats qui auraient permis d’éviter que certaines œuvres se trouvent à cheval sur deux pages (et du coup un peu gâchées par la reliure), la qualité des illustrations et la finesse des analyses en font à tous les sens du terme un « beau livre » qui saura à coup sûr captiver aussi bien les passionnés de peinture que les amoureux du cheval en général et de l’histoire des courses en particulier, cette dernière étant largement présente en filigrane à travers les descriptions mises en contexte de certaine œuvres (en retraçant, notamment, les exploits en courses de certains des modèles ainsi que l’impact ultérieur plus ou moins grand de leurs descendances respectives sur le stud book).
Référence:
Judy Egerton [trad. Emmanuelle Lavabre], George Stubbs : le peintre "très anglais" du cheval, 1724-1806, Lausanne et Paris : Editions Favre, collection Grande écurie de Versailles (2002), 157 p. (ISBN : 2-8289-0703-1)
Dernière édition par DylanThomas le Jeu 24 Avr 2014 - 20:44, édité 1 fois
DylanThomas- Messages : 773
Date d'inscription : 16/04/2014
Re: George Stubbs
Magnifique...Très beau texte sublimé par les photos, bravo Dylan !
Silver Moony- Messages : 11217
Date d'inscription : 18/04/2014
Localisation : Champs de courses
Re: George Stubbs
En fait, c'est rigolo car mon mari a une veille reproduction (copie ...) dans un cadre démodé !!
jamufa- Messages : 298
Date d'inscription : 20/04/2014
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