Andre Fabre à la veille de l'Arc

Extrait de JDG:

De Zalataia à Talismanic, la griffe du maître
C’est un voyage à travers les 68 partants du Prix de l’Arc de Triomphe d’André Fabre que vous propose aujourd’hui Franco Raimondi. Une mise en bouche à la veille d’un week-end d’exception. Et avant un huitième gagnant dimanche soir ? André Fabre préfère laisser ses chevaux parler pour lui. Depuis 1983, l’année de son premier partant dans l’Arc (Zalataia), le chœur de l’orchestre Fabre a regroupé 56 voix différentes, qui ont apporté au maître cantilien sept victoires et douze places dans les trois premiers, pour 68 participations. C’est une belle histoire que celle d’André Fabre et de sa réussite dans l’Arc de Triomphe et en passant en revue la liste de ses partants, c’est même l’histoire de plus de trente ans de galop français qui vous passe sous les yeux.

Le Magnificent Seven.
Dire que Monsieur Fabre a gagné sept fois l’Arc de Triomphe est à la portée d’un écolier de maternelle. Mais pour comprendre réellement son génie, mieux vaut regarder la colonne "propriétaires" du palmarès. Il n’a pas simplement gagné sept fois la course plus importante du calendrier français, mais il l’a fait pour sept propriétaires différents (Paul de Moussac, Olivier Lecerf, le cheikh Mohammed, Daniel Wildenstein, Jean-Luc Lagardère, Michael Tabor et Khalid Abdullah), avec des chevaux issus de sept étalons différents (Sharpen Up, Pampabird, Sadler’s Wells, Nureyev, Linamix, Montjeu et Dansili).
Si vous avez un trou de mémoire, je vous rappelle le Magnificent Seven : Trempolino, Subotica, Carnegie, Peintre Célèbre, Sagamix, Hurricane Run et Rail Link.
On rajoute des chiffres aux lettres – enfin, aux noms des chevaux – pour découvrir que seulement deux d’entre eux ont affiché une valeur RPR de plus de 130 (Peintre Célèbre et Hurricane Run), mais surtout qu’ils ont tous donné leur maximum le jour du Triomphe dans l’Arc.

La griffe Fabre.
Un ami, un peu esthète, disait que les grands entraîneurs ont leur marque de fabrique. Leurs chevaux sont reconnaissables au paddock, avant même d’avoir une selle sur le dos. C’est difficile à expliquer mais les chevaux de Fabre sont les chevaux de Fabre, comme les chevaux de Henry Cecil étaient les chevaux de Cecil. C’est le détail, la griffe, qui fait la différence.
Le football américain est un sport où les détails comptent beaucoup et la question éternelle est la suivante : est-ce le système qui fait progresser et gagner les joueurs ou les joueurs qui font gagner le système ?
Chez Fabre, c’est démontré : le système fait gagner les chevaux. Il a gagné l’Arc avec des outsiders (Rail Link à 24/1 et Trempolino à 20/1) et surtout il n’a jamais eu un favori battu !

Une seule absence.
À partir de 1983, André Fabre a eu aux moins un partant dans l’Arc à chaque édition, sauf en 2002. Pourquoi ? C’est bien logique, il n’avait pas un cheval d’Arc. Son 3ans du Jockey Club était Martaline (Linamix), pas assez vite, et sa pouliche de Prix de Diane Dance Routine (Sadler’s Wells). L’étoile de l’année était Banks Hill (Danehill), qui avait donné à l’écurie l’unique succès de Gr1 de la saison dans le Jacques Le Marois, mais ne pouvait pas tenir 2.400m.
À la fin de la saison, les Fabre ont remporté en France seize courses de Groupe, dont deux lors du meeting de l'"Arc" : le Royallieu (Gr2) avec Dance Routine et le Hubert de Chaudenay (Gr2) avec Morozov (Sadler’s Wells). C’était le samedi.
Le dimanche, il avait présenté Polish Summer (Polish Precedent), troisième disqualifié dans le Cadran, l’outsider Dance Dress (Nureyev), huitième de l’Opéra, et la pouliche Intercontinental (Danehill), troisième face aux mâles dans le Grand Critérium.

Une fois sur deux dans les trois.
C’est une statistique élémentaire : en 32 éditions, les Fabre ont remporté sept victoires et huit fois, au moins l’un de ses chevaux a terminé dans les trois premiers. C’est-à-dire qu’à quinze reprises, un Fabre s’est glissé parmi les trois premiers et que lors de quatre éditions, il en a même placé deux : Carnegie et Apple Tree (gagnant et troisième en 1994), Freedom Cry et Swain (deuxième et troisième de Lammtarra en 1995), Rail Link et Hurricane Run (gagnant et troisième en 2005), et enfin Flintshire et New Bay (deuxième et troisième de Golden Horn en 2015).

L’approche Fabre.
Six des sept victoires se sont produites avec des mâles de 3ans et tous avaient couru et gagné le Niel, sauf Peintre Célèbre, piégé et deuxième dans l’édition 1997 de la préparatoire.
La réussite des Fabre qui ont couru le Niel est exceptionnelle : sur 17 poulains présentés ensuite dans l’Arc, six ont gagné et deux ont pris la troisième place. La division par sexe et âge est assez curieuse : le maître cantilien a présenté seize femelles (huit de 3ans, six de 4ans et deux de 5ans) et aucune n’a réussi à prendre une place dans les trois premiers. Le gros du butin est ainsi arrivé avec les mâles de 3ans : six victoires et sept places sur 28 partants. Les 4ans ont tiré leur épingle du jeu : une victoire et trois places sur 17 participations, alors que les six partants de 5ans ont ramassé deux places. Encore une précision : il n’a jamais mis un leader !

Et après Rail Link…
La dernière victoire d’André Fabre remonte à 2006, le jour de la catastrophe Deep Impact. Depuis ce succès, il a sellé seize partants. Flintshire a pris deux fois la deuxième place alors que les 3ans Cavalryman, Masterstroke, Intello et New Bay ont accroché la troisième. Pendant la même période, la cavalerie Fabre a remporté trois fois le Prix du Jockey Club avec Lope de Vega, Intello et New Bay et quatre fois le Juddmonte Grand Prix de Paris avec Cavalryman, Méandre, Flintshire et Gallante. Six de ces sept gagnant classiques ont participé à une ou plusieurs éditions de l’Arc et quatre ont pris au moins une place (Flintshire à 4 et 5ans).
La bouteille est-elle à moitié pleine ou à moitié vide ? Il faut regarder les noms des cracks qui ont croisé le chemin des Fabre. Sea the Stars, Trêve, et Golden Horn, c’est beaucoup trop, même pour des champions !

Nouvelle formule.
Cette année, il y aura deux Fabre au départ et ils arrivent en suivant un chemin spécial. New Bay vient de terminer quatrième dans les Irish Champion Stakes. Sur les 68 partants de l’entraîneur, seuls six ont couru à l’étranger comme préparation pour l’Arc. Flintshire a gagné les Sword Dancer Stakes avant de terminer deuxième en 2015 ; Freedom Cry fut deuxième des Irish Champion Stakes et de l’Arc en 1995 ; Toulon avait remporte les St Leger Stakes avant de prendre la quatrième place en 1991, enfin Limpid avait déçu en 1998, après une cinquième place pleine de regrets dans les Juddmonte International Stakes. Les deux restants sont Pigeon Voyageur et Talloires, gagnant et troisième du Gran Premio d’Italia à San Siro, avant de terminer cinquième et huitième à Longchamp. Talismanic, quant à lui, a peaufiné sa préparation en se promenant dans le Prix Turenne, une Listed. Ce n'est pas courant, mais Penglai Pavilion, en 2013, avait gagné cette Listed avant de se classer cinquième de l'"Arc".

À la fin de ce voyage dans les Arcs d'André Fabre, j’ai presque pris une décision. Monsieur Fabre, j’aimerais bien, si vous le permettez, devenir le propriétaire de votre neuvième gagnant de l’Arc. Pour l’acheter, je compte investir l’argent que je toucherai avec votre huitième lauréat !

Merci

Moon: j'avais pensé à toi !!