Phar Lap
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Phar Lap
(source photo: http://www.abc.net.au/news/2013-10-31/phar-lap/5061838)
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« The Wonder Horse », en quelque sorte. Ou encore « The Red Terror », voire « Bobby » pour ses plus intimes. Voici l’heure d’écrire quelques lignes sur la merveilleuse histoire de Phar Lap, l’une des plus fascinantes créations équines de la Nature, et incontournable figure hippique inscrite au patrimoine culturel du « Down Under », dont le scénario de vie pourrait tout aussi bien sortir des studios de la Screen Australia. Drame, héroïsme, controverse, magnificence et cruauté accompagnèrent le gigantesque héros alezan durant tout le fil de son existence.
L’immense popularité de Phar Lap (venant de « farlap », que l’on traduit par « l’éclair » en langue thaï) n’était pas seulement justifiée par ses innombrables victoires. Elle était surtout liée à son évolution de carrière. Phar Lap passa à côté de ses premières épreuves, toutes courues à un niveau très modeste. Il demeura non placé dans huit de ses neuf premières tentatives. Puis, petit à petit, l’ascension progressive du cheval au firmament du sport australien devint source d’intérêt, de rêve, et de passion pour un peuple usé, lessivé, et profondément englué dans une Grande Dépression à n’en plus finir. Phar Lap réchauffait le cœur d’une Australie moribonde, en lui adressant le plus beau des messages d’espoir.
Phar Lap est né en 1926 en Nouvelle-Zélande. Son père, l’important Night Raid, descendait d’un gagnant de Derby d’Epsom et évoluait au plus haut niveau des courses australiennes. Il remporta notamment une Melbourne Cup. Entrity, sa mère, dont la carrière de courses fut quasi-inexistante, était une jument néo-zélandaise. Ses origines sont beaucoup plus obscures.
Phar Lap fut acheté par un businessman américain, David Davis, lors d’une enchère. Celui-ci, qui n’était pas présent lors de la vente, s’en remit aux conseils du modeste entraineur australien, Harry Telford, dont la carrière était jusqu’alors peu glorieuse. Comme tout un peuple, Telford était en perdition, et Davis l’un de ses derniers clients.
Vint alors la première rencontre entre l’homme d’affaires et sa nouvelle acquisition.
A la vue d’un cheval dégingandé, couvert de verrues et marchant de travers, Davis voulut immédiatement se débarrasser de cette étrangeté de la nature. En tant que bon capitaliste, impossible de rentabiliser cette affaire, pensait-il.
Telford lui proposa alors d’entrainer Phar Lap gratuitement, en échange des deux-tiers des futurs gains amassés en courses, ce que le propriétaire américain accepta.
Telford castra rapidement son cheval, de telle sorte à ce qu’il soit plus à son affaire et plus décontracté en compétition. Cela a certainement été la meilleure décision prise durant sa carrière.
Cependant, si Telford joua un immense rôle dans la vie du champion, l’homme de sa vie restera son lad, Tommy Woodcock. Son histoire avec Phar Lap fut particulière. Tous deux étaient inséparables et portaient le plus bel amour l’un à l’autre. Phar Lap refusait de se nourrir si Woodcock n’était pas là, et Woodcock dormait à l’extérieur-même du box de son champion, veillant avec un soin extrême au bien-être de son animal.
Les premiers pas de Phar Lap en compétition furent donc très modestes. Il termina bon dernier de sa première course, avant de parvenir à décrocher son premier succès à sa quatrième tentative, au beau milieu d’une série d’échecs. Tenu ensuite éloigné des pistes durant de longs mois, il fut revu sur un hippodrome durant l’été de ses trois ans. C’est alors qu’il commença à gravir les échelons. Phar Lap parvint contre toute attente à terminer deuxième des Chelmford Stakes, course préparatoire au Derby australien, épreuve dans laquelle il fut de suite engagé, avant de remporter les Guinées de Rosehill, deuxième manche de la « Triple Couronne » australienne.
C’est alors que le rêve s’enclencha. Phar Lap décrocha le Derby, la plus prestigieuse épreuve pour trois ans, qu’il doubla ensuite avec une victoire dans le Victoria Derby, autre course importante de sa génération. Phar Lap termina l’année avec neuf succès consécutifs, et devint alors le meilleur cheval de son pays et les années qui suivirent l’élevèrent au statut d’icône des courses.
En 1930, à quatre ans, il fit preuve d’une versatilité hors normes en gagnant des épreuves allant de 1200m (les Linlithgow Stakes de Flemington) aux 3200m de la Melbourne Cup, la course « qui arrête tout un pays ». Il succéda d’ailleurs au palmarès de cette épreuve à son demi-frère, Nightmarch, lui aussi par Night Raid. Phar Lap fut alors quasiment invincible, remportant durant cette année quatorze courses consécutives sur toute distance, et sur n’importe quel hippodrome. Il n’était alors pas rare de le voir remporter des épreuves avec plusieurs longueurs d’avances sur ses poursuivants, en franchissant le poteau quasi-arrêté.
Cela suscita de fortes jalousies de la part d’une bande de criminels qui le prirent pour cible la veille de son succès dans la Melbourne Cup. Fort heureusement, ils manquèrent l’équidé.
En 1931, à cinq ans, ses performances furent tout aussi excellentes que l’année passée. Il enchaina à nouveau plus d’une dizaine de victoires à la suite, doublant notamment sa victoire de l’année précédente dans l’important Cox Plate, l’Arc australien.
En 1932, David Davis voulut que Phar Lap aille courir quelques prestigieuses épreuves sur le continent américain, ce que Telford refusait. Décidé, Davis embarqua néanmoins avec son champion et engagea le lad de Phar Lap, Tommy Woodcock, comme nouvel entraineur. Le voyage vers le Nouveau Monde fut périlleux. L’équipe effectua une traversée du Pacifique vers San Francisco et arriva dans « la ville sur la baie » dans des conditions glaciales. Puis, 800 kilomètres de route vers le sud étaient encore à parcourir, sous une atmosphère devenant de plus en plus chaude au fil des kilomètres. Après cet éprouvant voyage que peu de chevaux auraient pu supporter sans ressentir un minimum de fatigue, Phar Lap participa à l’Agua Caliente Handicap de Tijuana, au Mexique, qui offrit à son gagnant la plus forte somme jamais proposée dans l’histoire des courses hippiques nord-américaines. Cette épreuve se déroulait sur le dirt, surface que Phar Lap ne connaissait pas. De plus, son poil commençait à prendre de l’épaisseur, se préparant pour l’hiver australien (et non pour un été mexicain). Phar Lap décrocha ce succès sans coup férir, en battant le record de la piste, acquérant alors une nouvelle dimension. Les américains se mirent alors à le surnommer « The Wonder Horse ». A partir de ce moment, David Davis négocia fortement avec les organisateurs de courses chaque nouvelle apparition de son cheval sur un hippodrome.
Hélas, au matin du 5 avril 1932, soit seize jours après son succès à Tijuana, Tommy Woodcock retrouva son cheval en proie à d’insoutenables douleurs intestinales, avec une température corporelle très élevée. Quelques heures après, la tragédie ne pouvant être évitée, Phar Lap fut victime d’une hémorragie interne fatale. Pendant de nombreuses décennies, il fut impossible de déterminer les causes exactes de la mort de Phar Lap. Ce n’est qu’en 2011 qu’un laboratoire australien procéda à l’analyse de six crins conservés. Les résultats révélèrent un empoisonnement à l’arsenic. D’où pouvait provenir l’arsenic? Cela reste toujours un mystère.
Durant les quatre années qui le virent en compétition, Phar Lap enleva 37 des 51 courses auxquelles il prit part. Son total de gains amassés en compétition dépasse les 15 millions de dollars, en tenant compte de l’inflation. Devenu élément du patrimoine australien, son corps empaillé est en exposition au musée Victoria de Melbourne. Son squelette est exposé au musée national de Wellington, et son cœur d’un poids de 6,5kgs, soit le double du standard chez un cheval de course, est exposé au musée national de Canberra.
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« Bobby », en… quelques lignes:
Melbourne Cup, la plus prestigieuse épreuve australienne, 3200m
2x Cox Plate, l’Arc australien
Australian Jockey Club Derby, la plus belle course pour trois ans sur 2400m
Australian Jockey Club St Leger, 2800m
Victoria Derby, l’autre grande épreuve pour trois ans, 2500m
Futurity Stakes, Groupe I sur 1400m
Memsie Stakes, Groupe I sur 1400m
Chipping Norton Stakes, Groupe I sur 1600m
Rosehill Guineas, Groupe I sur 1800m
Underwood Stakes, Groupe I sur 1800m
2x Mackinnon Stakes, Groupe I sur 2000m
Linlithgow Stakes, Groupe II sur 1200m
3x Craven Plate, Groupe III sur 2000m
Agua Caliente Handicap, course handicap, et alors épreuve la plus richement dotée au monde
Re: Phar Lap
Histoire à la fois incroyable, passionnante et dramatique, que tu as su narrer de très belle façon.
Merci Flo, ta plume me botte
Merci Flo, ta plume me botte
Silver Moony- Messages : 11194
Date d'inscription : 18/04/2014
Localisation : Champs de courses
Re: Phar Lap
Alors la , je dis chapeau l'artiste !!!! Merci beaucoup de nous faire partager cela .
Un tel champion aujourd'hui relancerai a coup sur l'interet du public pour les courses de chevaux .
Un tel champion aujourd'hui relancerai a coup sur l'interet du public pour les courses de chevaux .
frontside- Messages : 942
Date d'inscription : 12/05/2014
Re: Phar Lap
Merci pour vos retours, ça me fait vraiment plaisir.
En fouillant, je suis retombé sur une vidéo de sa victoire dans l'Agua Caliente Handicap, là où il découvrait le dirt pour la première fois.
La vidéo est assez énorme. Regardez les stalles de départ de l'époque, les manières de monter, le parcours que donne Billy Elliot (le jockey ) à un Phar Lap qui se demande dès le départ ce que sont ces projections de sable, tournant au large pour avoir un maximum d'aise, et n'ayant jamais un adversaire devant lui... C'est une jolie pièce d'histoire, je trouve.
En fouillant, je suis retombé sur une vidéo de sa victoire dans l'Agua Caliente Handicap, là où il découvrait le dirt pour la première fois.
La vidéo est assez énorme. Regardez les stalles de départ de l'époque, les manières de monter, le parcours que donne Billy Elliot (le jockey ) à un Phar Lap qui se demande dès le départ ce que sont ces projections de sable, tournant au large pour avoir un maximum d'aise, et n'ayant jamais un adversaire devant lui... C'est une jolie pièce d'histoire, je trouve.
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