Galop Marin

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Galop Marin est parti et les courses d’obstacles à Auteuil sont orphelines.
Oui, car Galop Marin, c’était ce qu’on appelle chez nous, les fous de chevaux et de courses, un «papa», un «monsieur». Il était devenu un monstre sacré de la Butte Mortemart, un cheval dont la popularité ne faisait que croître au fil du temps, un cheval dont le moindre faux pas était pardonné tant on l’aimait. Et d’ailleurs, des faux pas, il n’y en avait pas car Galop Marin donnait tout à son métier de cheval de courses. Le Olry Roederer en fin d’année 2021 peut-être…? Ce jour là, Galop a peut-être dit non. Très regardant en partant en piste d’un coté pourtant connu mais inhabituel, visiblement pas emballé de prendre le départ ce jour là, il négligea la première haie et envoya son fidèle jockey Morgan Regairaz au tapis. Pourtant, c’est encore lui qui passa le poteau en tête ce jour là, seul, mais devant tout de même après avoir montré le chemin à tous ses compagnons et ce trois semaines après avoir accompli l’exploit inédit jusqu’à ce jour, remporter pour la 4è fois consécutive l’important, le difficile et toujours haletant Grand prix d’Automne.

Ce 6 Novembre 2021, Galop Marin revenait au rond en héros, porté par la chaleur des applaudissements et l’émotion palpable de tout un chacun. Oh qu’il nous a fait vibrer ce jour, quelles sensations il nous a procurées en contenant jusqu’au bout le rush final de la grande championne L’Autonomie ! Piloté par un immense Morgan Regairaz, auteur d’un coup de génie en restant à la corde, prenant le pari de maintenir son cheval en droite ligne pendant que L’Autonomie allait se caler contre la lice comme à son habitude...J’entends encore les hurlements d’un Charly Milpied survolté «  Oh qu’il est grand !!!» Oh oui, qu’il fut grand.

Ces moments là resteront pour toujours gravés dans la mémoire de ceux qui ont eu la chance d’être là ce jour, et nous nous sommes pris à rêver...d’un 5è prix d’automne l’année suivante. Dans la tête de certains, un nouveau rendez-vous avec l’histoire des courses était déjà pris car à ce moment, rien ne laissait présager de l’avenir. Mais on le sait tous: l’avenir des champions, petits ou grands, est toujours fragile. Et tout peut toujours arriver.
A propos du Grand prix d’Automne, Jean-Baptiste, son fidèle compagnon du matin, de tous les jours, a eu la gentillesse de me confier : « Pour son 1er GP d’Automne, nous avions mis des fers collés il a fait une réaction. Nous avons été obligés de changer de fers 2 jours avant la course ! Ensuite pour le 2eme nous sommes tombés à la plage à la baignade, et pour le troisième, en partant au canter il s'est galopé dedans ! ». Comme quoi…
Jean-Baptiste a rencontré Galop durant l’hiver 2016. Le cheval allait avoir 4 ans, et ce fut le début d’une véritable histoire. Indissociables, JB le connaissait par cœur, et c’est une partie de lui qui s’en est allée avant hier, le cheval d’une vie, un compagnon irremplaçable, un alter ego, un membre de sa famille.
L’automne sur la Butte Mortemart va perdre de ses couleurs dorénavant. Nous ne verrons plus l’habit de lumière dorée que revêtait chaque année notre Galop Marin, à l’heure où les jours se font courts et s’assombrissent.
Galop Marin n’était pas une étoile filante, c’est une étoile qui a définitivement sa place au sein la constellation des champions qui ont fait l’histoire des courses.
Cet hommage, il est pour Galop, il est pour JB, Morgan, Kevin, tout le staff de l’écurie, pour Dominique bien sûr, qui a su fabriquer son champion, qui l’a veillé des années durant, et qui, depuis des semaines, s’inquiétait de son état, et bien évidemment, pour M.Papot.
Il est aussi pour tous ceux qui comme moi, aimaient Galop et à qui il va terriblement manquer.
Au revoir Galop.